lundi 1 avril 2013

Sûreté de l'État.


Homeland est LA série du moment . En reprenant le bon vieux truc de la chasse aux terroristes, les créateurs de la série (inspirée par une fiction israélienne, oh que j’ai du mal avec ce mot ) répondent au besoin de penser et de panser les plaies d’un pays encore hanté par le spectre du 11 septembre 2001.

Pourtant, il n’a pas fallu attendre Jack Bauer pour voir les terroristes de tous poils et de toutes obédiences ( n’en déplaisent aux bien-pensants qui n’ont vu que la moitié d’un épisode , il n’y avait pas que des islamistes musulmans dans le lot, loin de là…et j’assume mon pléonasme ) : John McClane dans les Die hard en butait déjà pas mal (oui je sais, ils avaient aussi un agenda caché autre que terroriste…mais je crois aux multiples facettes des gens ).

Mais le 11 septembre a tout changé. En laissant une plaie qui ne cicatrisera qu’en laissant une marque profonde dans la chaire de ce pays. 
Cet acte infâme a eu des conséquences dans l’écriture des séries, une telle ombre ne pouvant que toucher tout et tout le monde, même Hollywood basé sur l’autre côté des USA. 
Quand cela s’est produit, 4 épisodes de 24 (heures chrono ) avaient déjà été mis en boîte (bien que la série démarra en novembre, impossible de la lancer en septembre ). 
S’il m’est impossible de savoir quel impact cela a eu sur la première saison, sur la seconde c’est beaucoup plus simple : un leader clone de Ben Laden réussit à introduire une bombe sale (et atomique) sur le sol des USA. Le spectre de l’attaque ultime est largué aux heures de grandes écoutes.

 Les visages triomphants de l'Amérique, ça a été ça aussi. Et ça le restera.


Homeland est  lui aussi l’enfant de cette attaque. L’héroïne Carrie, est tourmentée par son incapacité à avoir empêché les attaques en 2001.Agente de terrain pour la C.I.A, elle découvre en Irak l’info qui la terrifie le plus : un soldat américain a été retourné par Abu Nazir ( un second clone de Ben Laden. Damned, je croyais que le clonage humain était impossible ). 
11 mois plus tard, le sergent Nick Brody est retrouvé dans une cache après un assaut des troupes américaines. Ce dernier, que tous croyaient mort, est resté 8 ans aux mains des islamistes. Carrie, pas parano pour un sou, pense qu’il est le fameux soldat retourné. Alors que le pays a besoin d’un héros, elle passe outre les ordres et le met sous surveillance illégale.



Avec une telle histoire, les scénaristes avaient de l’or dans les mains. Parano, faux semblants, ambiance détestable de bureau (les gars de Langley sont plus préoccupés par leur carrière que par les pistes pouvant éviter une attaque ), etc… La série, lors de ses 3 premiers épisodes, tire d’ailleurs parfaitement parti de tout ça. Mais il y a un hic. Au bout de 3 épisodes, on se rend compte qu’il y a eu autant d’avancées et de retournements de situation que dans la moitié d’un épisode de 24

Chaque personnage est  pourtant bien écrit, il y a des zones d’ombre, les acteurs sont bons. Carrie est parano mais logique. Un peu trop sans doute. Elle est aussi malade mentale : elle se fournit en lithium chez sa sœur médecin pour ne pas laisser de trace et garder son job. Son supérieur, Saul, est un vieux de la vieille qui a tout vu. Blasé mais alerte. Ils répondent tous deux aux ordres de David, arriviste mais soucieux d’empêcher son pays de sombrer. Nick Brody quant à lui, est présenté avec des failles, des traumas : il faut laisser le spectateur cogité sur son statut ou non d’agent dormant.
Mais c’est une arnaque destinée à ferrer le spectateur. La notion de suspense n'apparaît qu’aux endroits stratégiques : juste avant la pub, pour que le spectateur reste devant son écran. Ce n’est pas le pire. Brody rentre dans sa famille, retrouve ses marques avec ses enfants, sa femme ( qui s’est consolée dans les bras du meilleur ami de son mari). Un remake, pas drôle, de Desperate Housewives, au milieu d’une série à suspense. Ce cocktail , indigeste, m’avait déjà fait décrocher de The Unit.
Le tout est servi par une réalisation plan-plan, sans saveur et sans prises de risque.
Le générique, fourre-tout et vaguement conceptuel est noyé dans un jazz crispant et agressif pour les oreilles ( Carrie est fan de Jazz et le fait subir à tous et surtout à nous tout au long du show.Parfois ça passe, souvent ça casse...les pieds et les oreilles).



Mais ça ne s’arrête pas là. 
La maladie de Carrie ne sera pas exploitée avant la fin de la saison. Jamais avant cela on ne la verra vraiment montrer des signes de folie. On la sait malade mais cela arrive comme un cheveu sur la soupe. Les flashbacks et autres souvenirs de Brody , distillés au fil de la saison, n’ont aucun sens si on tente de les remettre dans leur ordre chronologique. Très vite, les scénaristes ont fait le tour du concept de base et doivent créer des tensions artificielles en se faisant croiser Carrie et Brody. Et ils ne tireront même pas profit des multiples situations que cela pouvait créer !!!!
Et quand la fin approche, ce qui était un thriller politico-paranoïaque devient peu a peu une resucée de 24 : multiples attaques, panique dans les hautes sphères du pouvoir ( 24 voyait le président être sur la brèche, ici c’est le vice-président) mais les greffes sont trop voyantes et le corps les rejette !  Le dernier épisode renoue alors avec la veine du début…mais trop tard : 4 bons épisodes, dont un dernier des plus intéressants pour la suite remarquez, ne suffissent pas à me mettre en confiance pour la suite.




Jack Bauer est bel et bien parti et les séries axées sur la lutte anti-terroriste ne semblent pas vraiment en position pour le déloger de la première place du podium ! LA meilleure série du moment ? Affirmation facile lancée par des journalistes stagiaires qui n’avaient jamais allumé un télé de leur vie…et qui a été reprise par une plèbe influençable apparemment (parce que les mêmes personnes lancent les mêmes compliments, mérités, à Game Of Thrones).

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