mardi 16 août 2016

Huis - clos.

Michelle quitte son appartement précipitamment et roule toute la nuit. Malheureusement, un
chauffard la percute et sa voiture termine sa course dans un ravin. Elle se réveille sur un matelas, une attelle au genou et enchaînée au mur. Son «  geôlier » , Howard, lui affirme qu’il l’a récupérée dans l’épave du véhicule et qu’elle est maintenant enfermée dans un bunker de survie, une attaque de nature indéterminée ayant frappé le monde. L’autre homme habitant cet endroit enterré se nomme Emmet et confirme à Michelle l’histoire d’Howard. Ne croyant absolument pas ce qu’on lui raconte, Michelle décide de s’échapper…

10 Cloverfield Lane n’est pas à proprement parler une suite de Cloverfield, mais il en partage une partie de l’ADN selon son producteur J.J Abrams.
Il partage aussi une partie de son pitch avec l’histoire de bande-dessinée « Protège-moi (Shelter Me) » parue dans le magazine Métal Hurlant.
Mais le traitement sera tout autre.
Tourné dans le pus grand secret pour surprendre le public , 10 Cloverfiel Lane débarque donc presque à l’improviste dans une année cinéma assez molle. En grande partie pour nous secouer !

Le réalisateur Dan Trachtenberg signe ici son premier long-métrage après avoir réalisé quelques épisodes de séries télévisées ( comme le producteur J.J Abrams avant lui…ou encore un certain Steven Spielberg, grande influence de Abrams himself).
Trachtenberg ne révolutionne pas la façon de filmer mais jamais il ne lasse le spectateur malgré l’unité unique de lieu, un bunker sous terre à peine plus grand qu’un appartement moyen et un casting très réduit , 3 acteurs plus la voix de Bradley Cooper ( l'acteur ayant travaillé un moment avec J.J Abrams quand ce dernier se consacrait à sa série Alias).
Le montage est nerveux, énergique mais sans effet de style clipesque ou facile. Le scénario relance d’ailleurs la machine toutes les 10 minutes sur les 100 minutes que dure le film. Impossible de s’ennuyer : la tension, le suspense et un peu d’action font monter crescendo le stress du spectateur jusqu’au final qui , s’il ne lie pas le film à Cloverfield, a bel et bien un lien de sang avec le genre auquel le film de Matt Reeves appartenait.




Howard est incarné par la légende John Goodman. Cet immense acteur ( dans plusieurs sens du terme ) passe en quelques secondes d’un personnage flippant à une personne attentionnée mais dérangée. Le public ne sait sur quel pied danser avec lui, ce qui le force à rester en alerte durant toute la projection. Quand écriture et interprétation sont au diapason, le résultat est toujours brillant.
Mary Elizabeth Winstead incarne une Michelle volontaire et prête à tout pour se sortir de la gueule du loup. Son personnage, pourtant vite catalogué comme une lâche qui fuit au premier petit pépin va devoir trouver une nouvelle force en elle jusqu’à se transformer entièrement. Winstead se hisse alors sans soucis au niveau des Ellen Ripley et autres Sarah Connor. Tout le film se déroule de son point de vue, on ne la quitte jamais et on s’attache à elle autant que l’on s’interroge : aurait-on le cran que montre son personnage pour s’en sortir ?






Série B de luxe qui démontre, par son sens du rythme et sa réalisation faisant monter la tension minute par minute, que le temps est effectivement relatif (le film file à une vitesse folle ), 10 Cloverfield Lane est assurément un spectacle ébouriffant plus que conseillé.

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