dimanche 21 mai 2017

Planet Opera.

Duke McQueen est un garagiste ayant entamé sa soixantaine. Veuf et isolé, ses enfants adultes étant
trop occupé à vaquer à leurs vies qu’à s’occuper d’un père qu’ils jugent au mieux embarrassant, Duke ressasse sa vie passée. Ses moments de bonheur avec sa femme avant son cancer, ses heures de gloire passées quand il était pilote pour l’Air Force. Ses aventures chez les Aliens de la planète Tentale.
Disparu quelques temps au cours d’une mission, Duke est revenu avec des histoires fantasques plein les poches. Histoires que personne n’a crues ( sauf Jo, son épouse), à commencer par ses marmots. Moqués par ses voisins, perdus dans ses souvenirs, Duke attend la mort.
C’est alors que le passé resurgit.
Non, McQueen n’est pas un vieillard sénile au cerveau en éponge ayant absorbé trop de récits de SF pulp , il a vraiment sauvé une planète de la tyrannie. Et le jeune homme dans le vaisseau spatial qui vient d’atterrir dans son jardin a besoin qu’il le refasse, encore une fois. Mais Duke est-il encore un héros apte à l’action ?


Mark Millar est un scénariste écossais ayant l’habitude de faire du comics à concept. Il doit néanmoins sa notoriété à des séries écrites pour les deux gros éditeurs que sont DC et Marvel Comics : The AuthorityThe Ultimates ou encore Civil War et Old Man Logan pour n’en citer que quelques unes. Mais le bonhomme , gêné par les impératifs d’écrire pour des héros qui ne sont pas à lui, a trouvé la parade il y a longtemps pour s’amuser avec toute la panoplie de l’amateur de culture populaire qui veut éviter les problèmes de copyright tout en jouant avec des néo-archétypes. Wanted, c’était déjà ça : et si les supers-vilains dirigeaient secrètement le monde ? Les pastiches du Joker ou de Catwoman nous montraient déjà que Millar en se laissait pas démonter si les Big Two ne lui donnaient pas les commandes. Il avait aussi en son temps écrit Superman Red Son : et si Superman s'éctait écrase en URSS et pas aux USA ? 










Avec Starlight, Millar replonge dans ses habitudes : et si Flash Gordon était vieux et que personne ne croyait en lui sauf les habitants de la planète Mongo qu’il a secourue dans sa folle jeunesse ? C’est le point de départ de notre histoire. Et puisque Millar n’a pas les droits du personnage, il va réinventer tout ça.
Et rendre poreuse les frontières entre différents univers de fiction par l’usage de clins d’œil repérables mais jamais voyant ( comment ne pas penser à un Han Solo féminin en croisant pour la première fois le personnage de Tilda ? . Le personnage de Wes rappelle même Fonzie, et le pire c’est qu’aussi gros que ça puisse paraît, ça marche ! ).




Millar frappe fort en commençant son récit en alternant les souvenirs de Duke et sa vie actuelle, un an après l’enterrement de Joannie. Le routinier et le désarroi de voir sa famille l’éviter sont contrebalancer par des flash-backs développés ou juste fugace de ses aventures. Mine de rien, ça vous pose une ambiance et un personnage. C’est la grande force d’un récit lancé à toute allure sans pour autant sacrifier ses personnages, créer un héros solide avec des failles liées à l’âge et l’expérience mais qui reste cohérent avec ses valeurs tout du long, quand bien même cette saloperie d’arthrite viendrait l’emmerder dans ses articulations douloureuses.  Le récit envoie Duke et ses alliés dans plusieurs directions, permettant à Millar de nous faire découvrir une planète riche en incongruités. Le côté «  recyclage de vieux concepts SF » est fait avec un amour profond pour ces vieux récits et pas avec un cynisme de nostalgie trop calculée pour être vraiment honnête et spontanée ( Stranger Things, suivez-mon regard ! ) dans le seul but d'attirer le gogo (power rangers ).
 Le côté naïf en devient attachant et emprunt d’une lumière qu’on oublie trop souvent ces derniers temps plein de morosités : il faut savoir encore rêver. Rêver devant des combats spatiaux de la mort qui tue, des batailles à l’épée ( au fleuret plutôt même ) qui sentent bon l’Errol Flynn dans l’espace ou encore John Carter, et les récits de guerre plus sérieux.




Les dessins de Goran Parlov sont assez minimalistes mais se placent pleinement dans cette veine rétro mais pas trop qui colle si bien au récit. On a l’impression de lire du sous-moebius  dépouillé certes mais là encore, la démarche semble être d’adapter le trait aux références voulues pour plonger le lecteur dans un univers nouveau mais familier.



Starlight est un récit nostalgique puissant, qui rappelle le parfum des VHS trouvée dans un grenier et l’odeur des bonbons qu’on mange devant son écran sans même se rendre compte que le paquet se vide à vitesse grand V.







1 commentaire:

artemus dada a dit…

J'envie ta lecture, c'est celle que j'aurais aimée avoir, c'est celle que je voulais avoir.
Malheureusement, le scénario de Millar, acceptable chez un scénariste débutant (et encore) ne l'est pas chez un professionnel. Du moins pas à l'aune de mes attentes.

Outre le concept éculé du "vieux héros" qui rempile, cette aventure est cousue de fil blanc tout du long. Et si l'utilisation d'un "vieux héros" n'a rien de répréhensible ce qu'en fait Millar (rien du tout) mérite la prison à vie [-_ô].
Aucune surprise, le scénariste se contente de dévider un scénario sans âme, heureusement sauvé par les planches de Goran Parlov. Ce qui est quand même un comble vu le nombre d'appels du pied qu'il fait en direction de la "pop culture" et du personnage de base.

Reste que ton avis prouve, s'il en était besoin, que ce qu'il y a de plus beau pour un crapaud c'est sa crapaude, et que tous les espoirs sont permis.

Pour dire, il y a même des amateurs du travail Brian M. Bendis.

[-_ô]